Note de conjoncture sociétale Début 2014 : Ne compter que sur soi

R. Bigot - P. Croutte - E. Daudey - S. Hoibian - J. Müller

Sourcing Crédoc N°Sou2014-4109

Résumé

L’année 2014 est marquée par sept principaux mouvements d’opinion :

1. Jamais, depuis 36 ans que nous suivons ces indicateurs, les Français n’avaient été aussi pessimistes quant à l’évolution de leurs conditions de vie. Les frustrations quant au pouvoir d’achat sont à leur comble et les perspectives sont particulièrement sombres. Le chômage et la pauvreté sont au coeur des inquiétudes de nos concitoyens.

2. La défiance envers le politique atteint, elle aussi, des records historiques. Moins d’une personne sur quatre pense que le gouvernement peut résoudre les problèmes auxquels est confrontée la France aujourd’hui, seuls 13% de nos concitoyens ont confiance dans les hommes et femmes politiques et le souhait de « changements radicaux » n’a jamais été aussi prégnant.

3. Le soutien à l’État-Providence chancelle. Alors que, depuis plus de trente ans, environ deux personnes sur trois avaient tendance à faire preuve de compassion à l’égard des plus démunis tout en soutenant l’utilité des politiques sociales, la critique de leurs effets déresponsabilisants n’a jamais été aussi forte et une majorité de la population estime aujourd’hui que les pouvoirs publics font trop ou suffisamment pour les personnes en difficulté. L’idée que l’État doit redistribuer les richesses entre les riches et les pauvres, qui était partagée par près de trois personnes sur quatre en 2012, n’est plus défendue que par une personne sur deux.

4. Ce mouvement se conjugue avec une forte impopularité de l’impôt. Les trois quarts de nos concitoyens s’estiment perdants de la redistribution socio-fiscale. Le consentement à payer l’impôt est fragilisé et, ce qui n’arrange rien, la population méconnaît l’affectation des fonds publics aux services d’intérêt général.

5. Moins d’État, plus de liberté aux entreprises. Aujourd’hui, les Français demandent à ce que l’État réglemente moins le fonctionnement des entreprises et leur laisse plus de libertés : la majorité entre ces deux options a changé de camp ; de même, la confiance dans les entreprises et les banques repart nettement à la hausse.

6. Un attachement de plus en plus fort au made in France. Initiée il y a une quinzaine d’année, la tendance à faire attention à l’origine des produits se poursuit ; malgré la crise, près de deux personnes sur trois sont prêtes à payer plus cher des produits fabriqués en France, à la fois pour soutenir l’emploi, mais aussi parce qu’elles pensent que les produits nationaux sont de meilleure qualité qu’ailleurs.

7. Malgré l’impression que la société se replie sur elle-même, les opinions en matière de moeurs continuent d’évoluer vers plus de libéralisme et un affranchissement des cadres traditionnalistes : aspiration croissante à une égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, désacralisation du mariage, défense de la résidence alternée des enfants de parents séparés, mariage pour tous, liberté de choisir de quitter la vie en cas de maladie incurable.

Stressés par la crise, n’ayant plus confiance dans les institutions, les Français tendent à s’affranchir du collectif et à ne compter que sur eux-mêmes. Point alors une aspiration à plus de liberté dans tous les domaines : politique, économique, social et en matière de moeurs.


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