Travaux dans le logement et relations entre consommateurs et entreprises d'après une enquête auprès des ménages

B. Zarca

Collection des rapports N°R12

Résumé

Cette étude a permis de souligner avec une particulière netteté les faits suivants :

- que les ménages ne se différencient pratiquement pas du point de vue de la fréquence des travaux réalisés dans le logement qu'ils occupent et dont ils sont propriétaires. Tout au plus peut-on noter que cette fréquence est plus faible parmi les ménages dont le chef ne vit pas en couple.

- Par contre, qu'ils se différencient en ce qu'ils ont ou non recours au marché pour la réalisation de ces travaux :

Les ménages ont d'autant plus de chances de recourir aux services d'une entreprise que les travaux sont plus importants. Le logement en maison individuelle rend plus fréquents les travaux réalisés sans que le ménage ait recours au marché.

Le recours au marché est plus fréquent pour les ménages dont le chef ne vit pas en couple et notamment si c'est une femme. Corrélativement, l'autoproduction est plus fréquente pour les ménages dont le chef vit en couple.

Le recours au marché est d'autant plus fréquent que le chef de ménage est plus âgé. Sa fréquence commence par décroître avec le revenu, puis croît fortement. Il est le plus fréquent dans le haut de la hiérarchie sociale : patrons de l'industrie et du commerce, cadres et professions libérales. Il reste le moins fréquent en milieu ouvrier. Quoi que l'on dise sur le bricolage des nouvelles classes moyennes qui disposeraient de plus de temps libre que les autres, il n'en demeure pas moins que les professions intermédiaires recourent plus souvent au marché que les ouvriers.

On peut observer que, de manière générale, le recours au marché, pour des travaux réalisés au cours des deux dernières années, est d'autant plus fréquent que l'emménagement est plus ancien. Cette relation se maintient pour les travaux réalisés dans les deux années ayant suivi l'emménagement.

L'utilisation des services d'un architecte concerne presqu'exclusivement les travaux importants mais elle est considérablement plus fréquente parmi les ménages de patrons de l'industrie et du commerce.

La formalisation des relations ménage-entreprise par la signature d'un devis gagne du terrain chez tous les consommateurs qui font de plus en plus souvent établir plusieurs devis avant de prendre une décision, mais elle est plus fréquente, toutes choses égales d'ailleurs, chez les professions intermédiaires. Celles-ci mobilisent également le plus souvent leurs réseaux de relations pour intervenir aux côtés, avant ou après les entreprises pour la réalisation des travaux.

La participation de non-entreprises aux côtés d'entreprises pour effectuer les travaux au cours des deux dernières années est d'autant plus fréquente que les ménages sont plus récemment installés. Cette relation se maintient pour les travaux réalisés dans les deux années ayant suivi l'emménagement. On observe par ailleurs que les ménages faisant faire des travaux dans la période qui suit leur emménagement font de plus en plus souvent eux-mêmes des achats de matériaux, etc. pour la réalisation de ces travaux.

Ce sont encore les professions intermédiaires qui sont le plus souvent insatisfaites des services qui leur sont rendus. Les insatisfactions, pour l'ensemble des consommateurs, sont le plus souvent relatives aux finitions et aux délais des travaux. Elles donnent lieu à des litiges dans un nombre non négligeable de cas : 7,2% de l'ensemble des dernières opérations-travaux à la réalisation desquelles ont participé une ou plusieurs entreprises. La fréquence de ces litiges semble plus grande lorsque les travaux correspondent à la période d'emménagement. Elle est plus grande parmi les ménages éloignés du monde de l'entreprise et du travail manuel (cadres, professions libérales et intermédiaires, employés); mais les patrons et les ouvriers vont plus souvent en justice lorsqu'ils ont un litige dans la mesure où celui-ci serait plus important.

Apparaît ainsi un clivage inattendu de l'espace social quant aux relations ménages/entreprises. Se confirme-t-il lorsque l'on étudie les activités de bricolage et leurs relations avec le mode de vie ou bien celles-ci entrent-elles dans une logique plus générale de l'économie domestique dont le rapport au marché ne révèle qu'un aspect, telle est l'une des questions auxquelles nous essaieront de répondre en poursuivant ce travail. Il est clair, en tout cas, que l'autoproduction relative au logement gagne du terrain.


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