L'attente d'une action conjuguée des citoyens, entreprises et pouvoirs publics dans les territoires

Sandra Hoibian, Raphaël Brosseau

Collection des rapports N°R347

Résumé

L’échelon territorial est, à intervalle régulier, présenté comme un nouvel eldorado au sein de systèmes de valeurs très divers. La crise sanitaire du Coronavirus a entrainé de nombreux discours portant une dynamique de relocalisation de l’appareil productif, et vantant les mérites de la réactivité et du pragmatisme du modèle démocratique allemand très régionalisé. A l’automne 2019, alors que les préoccupations environnementales étaient à leur comble, les éco-anxieux y voyaient une planche de salut pour la planète en ré-inscrivant la production et la consommation au niveau local. Le mouvement des gilets jaunes né à l’automne 2018 était lui-aussi fortement ancré dans les territoires devenus des espaces d’engagement et de prise de parole citoyenne. Les initiatives de démocratie participatives semblant plus concluantes à une petite échelle, et les maires étant les derniers hommes et femmes politiques à conserver un peu de crédit dans la population. Depuis de nombreuses années, certains alter-mondialistes ou anti-libéraux considèrent la production (agricole, industrielle, de services) à l’échelon des territoires comme une opportunité pour sortir d’un système capitaliste ultra spécialisé au niveau mondial, entrainant une dépendance jugée délétère à des multinationales, des chaines de distribution ou des cours de marché boursier. D’autres voient l’inscription dans le local comme un moyen de sauvegarder l’emploi sur les territoires. Certains espèrent que le territoire puisse être un nouvel espace pour retisser du lien dans une société fragilisée et minée par la peur de l’autre. Différents discours assemblent ces différents éléments dans un tout, le local étant proposé comme un échelon favorable à l’implication et l’engagement des pouvoirs publics, des citoyens et des entreprises pour répondre aux impératifs écologique, économique, démocratique et social. Le film Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent par exemple donne à voir des exemples concrets locaux de cette convergence.

Mais quelle vision ont les Français de la place respective des différents acteurs pouvant s’investir au niveau territorial : d’abord, à quoi renvoie le terme territoire dans l’esprit de nos concitoyens ? dans quels domaines sont attendus des actions des entreprises, avec quelle articulation avec les initiatives des citoyens, ou les programmes des pouvoirs publics ? quels devraient-être, selon le corps social, les apports respectifs de ces différents types d’acteurs ? Les représentations sont-elles homogènes dans la population ?

Ce rapport tente d’aborder ces questions, via la réalisation d’une enquête confiée au Crédoc par l'ANCT (CGET), à travers des questions insérées dans le dispositif d’étude des Conditions de vie et aspirations des Français du CREDOC. Plus précisément, l’objectif était d’apporter une réponse aux questions suivantes :

  • Dans quels domaines les citoyens perçoivent-ils une nécessité d’accompagner le développement des territoires ?
  • Quelles sont les formes d’engagement au travers desquelles les individus pensent pouvoir être utiles à leur territoire ?
  • Quelle est la place des habitants, des entreprises et des pouvoirs publics et comment penser l’articulation de leurs actions ?

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