Enquête 'Conditions de vie et aspirations des Français' Les opinions des Français face au chômage et aux politiques d'emploi au début 1994

Travail collectif

Collection des rapports N°R149

Résumé

En ce début 1994, le climat général de notre pays reste marqué par une profonde inquiétude vis-à-vis du chômage, malgré la renaissance de quelques lueurs d’espoir. En un an, le mal s'est en effet accru, le sentiment de menace de chômage s’est aussi plus largement diffusé. Et même si une part plus importante de la population commence à espérer en une stabilisation du nombre de chômeurs dans un avenir proche, les trois quarts de nos concitoyens n'en gardent pas moins une vision pessimiste de l'avenir de l'emploi. C'est dans ce contexte que les Français ont été interrogés sur la manière dont ils perçoivent le système d'indemnisation ou les politiques d'emploi.

Précisément, devant les difficultés d'équilibre des comptes de l'assurance-chômage, les Français ne raisonnent plus tant en termes d'arbitrage entre une augmentation des cotisations ou une réduction des dépenses, mais ils s'en remettent largement à 1 Etat, à charge pour lui d'augmenter sa part de financement. Mobilisés par l'ampleur du chômage, dont Us font de loin le premier sujet de leurs préoccupations, les Français restent très attentifs aux différentes formes de lutte contre le mal, mais Us ne semblent pas prêts, pour autant, à toutes les accepter sans conditions. Ainsi, pensent-Us que le travail à temps partiel peut effectivement contribuer à réduire le chômage, mais Us sont beaucoup plus réservés sur les effets que la réduction de la durée du travail avec diminution de salaire pourrait avoir sur la création d'emplois.

D'autre part, si le départ en pré-retraite des salariés les plus âgés restent, selon les Français, la solution préférée en cas de licenciements économiques, nos concitoyens estiment qu'U est avant tout du devoir des entreprises, en cas de menaces de licenciements, de préserver l'emploi en acceptant de réduire leurs marges. Mais, ce n'est pas pour autant que les Français ont une attitude "laxiste" vis-à-vis des chômeurs : ils pensent, en majorité, que l'allocation unique dégressive (AUD) sera plus incitative au retour à l'emploi qu'elle n'aggravera les difficultés de réinsertion.

Enfin, c'est sous l'assurance qu'elles diminuent effectivement le nombre de chômeurs qu'une partie de la population accepterait certaines des mesures envisagées. Mais, pour l'heure, le sentiment d'inefficacité des politiques d'emploi reste très largement ressenti dans l'opinion : huit français sur dix estiment que les mesures prises par les pouvoirs publics pour lutter contre le chômage ne sont pas efficaces ou le sont peu.

Tel est, en résumé, l'état d'esprit qui ressort de l'analyse des opinions de nos compatriotes, interrogés sur ces problèmes dans le cadre de l'enquête Conditions de vie et Aspirations des Français du Crédoc. Ce rapport est consacré à l'examen des réponses fournies par la population à l'enquête de fin 1993; celle-ci s'est déroulée sur l'ensemble du territoire de la mi-décembre 1993 à la mi-janvier 1994, auprès d'un échantillon de 2001 personnes âgées de 18 ans et plus, sélectionnées selon la méthode des quotas.

L'analyse des résultats est menée en quatre parties :

La première partie dresse le constat de l'aggravation du chômage effectif et de sa diffusion dans toutes les catégories sociales. Elle fait état de la forte inquiétude qui existe aujourd'hui vis-à-vis du risque de chômage. Elle fait aussi le point sur les anticipations que les Français font en ce domaine : malgré le pessimisme qui prédomine largement dans le pays, l'espoir d'une stabilisation du chômage renaît chez certains. Enfin, on y analyse les causes avancées par les Français pour expliquer l'ampleur du chômage actuel.

La deuxième partie traite des réactions des Français face au système d'indemnisation : connaissance du système, solution pour combler le déficit du régime, mode de calcul des indemnités, effets de la réforme du système d'indemnisation. Un quart de la population continue d'ailleurs de penser que les chômeurs sont tous indemnisés. Toujours est-il que si les Français optent le plus souvent pour une modulation des prestations selon les ressources globales du foyer, preuve d'une certaine solidarité à l'égard des plus défavorisés, ils n'en restent pas moins exigeants face aux chômeurs. Ils attendent aussi une intervention de l'Etat dans le financement du système d'assurance-chômage.

1 Les caractéristiques techniques de l'enquête figurent dans le rapport général de présentation des premiers résultats de la vague de fin 1993 (Crédoc, n° 144, mars 1994). Les premiers résultats concernant plus particulièrement le chômage et les politiques d'emploi, ainsi que les évolutions observées, ont été présentés dans un document intitulé : "Le chômage, le système d'indemnisation et les politiques d'emploi, vus par les Français enfin 1993" (Crédoc, C.Duflos, mars 1994). Le commanditaire de l'étude est la Direction de l'Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques (DARES) du Ministère du Travail, de l'Emploi et de la Formation Professionnelle.

La troisième partie analyse les opinions des Français sur les politiques de lutte contre le chômage. D'une part, nos concitoyens restent très sensibles au chômage des jeunes, ainsi qu'au chômage de longue durée, mais une autre catégorie de demandeurs d'emploi leur apparaît tout aussi prioritaire à aider : les personnes isolées chargées de famille. D'autre part, parmi les actions possibles, on analyse les réactions de la population face à un éventuel développement des emplois à temps partiel. Ce développement constituerait-il une manière de réduire effectivement le chômage ? Une mesure de réduction de la durée du travail accompagnée d'une diminution corrélative de salaire serait-elle efficace ? De telles mesures ne sembleraient de toutes façons être, pour les Français, acceptables qu’à la condition de se traduire par l'embauche de chômeurs.

Enfin, la quatrième partie est axée sur les problèmes de recrutement et de licenciements. Face aux difficultés d'embauche et au nombre croissant de suppressions d'emplois, les Français réagissent de manière assez catégorique : selon eux, le poids des charges sociales reste le principal frein à l'embauche ; la pré-retraite apparaît de plus en plus comme la solution à adopter en cas de licenciements pour cause économique ; enfin, lorsque des menaces de licenciements planent sur une entreprise, Us pensent que celle-ci doit accepter de réduire ses marges pour garder son personnel.


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