Opinions et attitudes sur la gestion des déchets, sur la consommation des écoproduits et sur la pollution atmosphérique

R. Bigot - P. Croutte - G. Hatchuel - L. Ortalda

Sourcing Crédoc N°Sou2001-1407

Résumé

Quatre enseignements principaux peuvent être dégagés des réponses apportées aux questions posées par l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) dans la vague du début 2001 de l’enquête « Conditions de vie et Aspirations des Français » (2000 enquêtés en face à face) :

• Les consommateurs sont particulièrement insatisfaits de l’information dont ils disposent sur les « produits verts » : 41 % (+ 9 points en deux ans) considèrent que l’information disponible sur ce sujet n’est ni claire, ni suffisante, ni scientifique. De plus, 65 % de la population estiment que les consommateurs n’ont pas la garantie que les éco-produits respectent vraiment l’environnement. En un mot, en même temps que l’intérêt envers ces produits s’est accru, l’exigence à leur égard s’est sérieusement amplifiée, et ce, dans tous les groupes socio-démographiques sans exception. Pour autant, il n’apparaît pas de désaffection à l’égard des produits verts (par exemple, 42 % de la population disent avoir acheté des éco-produits non alimentaires dans les six derniers mois, soit autant qu’en 1999). Mais, vu les fortes attentes de la population sur le sujet, on peut penser que ces produits pourraient se diffuser bien plus vite si l’information les concernant se développait et gagnait en crédibilité.

• Pour favoriser le tri des déchets, les Français sont globalement favorables à un changement du mode de calcul actuel de la taxe sur les ordures ménagères.

Ainsi, 51 % sont d’accord avec un remplacement de la taxe actuelle, qui est forfaitaire, par une taxe calculée proportionnellement à la quantité de déchets produite dans chaque foyer. Mais surtout, 84 % se déclarent prêts à trier davantage leurs déchets en échange d’une diminution de leur taxe actuelle. En particulier, 67 % des individus qui ne pratiquent encore aucun tri sélectif consentiraient à faire un effort si cela se soldait par une baisse de ce qu’ils paient aujourd’hui : le « gain » ne serait pas négligeable puisque ce groupe représente 19 % de la population.

Certes, un certain paradoxe apparaît : 80 % des Français disent ne pas connaître le montant de ce qu’ils acquittent à ce titre. Mais l’observation détaillée des réponses, et leurs variations en fonction des montants payés - quand on les connaît-, semblent montrer que cette proposition de troc d’une baisse des taxes ménagères en échange d’un plus grand effort de tri pourrait être une mesure très incitative chez les « non trieurs » ou chez les « petits trieurs », surtout quand ils payent aujourd’hui plus de 700 F/an au titre de la taxe sur les ordures ménagères

• Nos concitoyens considèrent, quasi-unanimement, que la pollution atmosphérique engendre des risques pour la santé. D’ailleurs, 29 % déclarent avoir déjà eux-mêmes subi des troubles liés à la dégradation de l’atmosphère. Le taux atteint même les 47 % chez les Franciliens. Face à ces préoccupations, la sous-information des Français est manifeste : d’une part, 77 % se disent mal informés sur la qualité de l’air dans leur commune (le taux était de 79 % l’an dernier). Et même s’il y a eu, cette année, une diminution du sentiment de sous-information dans la région parisienne, rien de semblable n’apparaît en province. D’autre part, 83 % de nos concitoyens ignorent les comportements à adopter en cas de pics de pollution de l’air (+ 4 points en un an). En un mot, le sentiment d’impuissance domine. D’ailleurs, au total, 55 % de la population peuvent être classés comme des « anxieux » ou des « victimes » de la pollution atmosphérique.

• Enfin, presque neuf automobilistes sur dix (86 % exactement) déclarent qu’ils seraient prêts à renoncer à leur véhicule les jours de pics de pollution en ville. Les trois quarts d’entre eux abandonneraient même leur voiture de plein gré. En fait, on assiste, depuis quatre ans, à une homogénéisation des opinions catégorielles sur ce sujet : l’idée de devoir, de son propre chef, se passer de son véhicule en cas de pics de pollution s’ancre dans tous les groupes. De fait, les différences entre intentions -toujours maximalistes- et pratiques réelles reculent: l’an dernier, 28 % des automobilistes ont, au moins une fois, renoncé délibérément à leur voiture au profit des transports en commun, pour préserver l’environnement. Ce taux n’avait jamais été aussi élevé depuis 1997. Evidemment, cette substitution dépend très largement de la présence locale d’infrastructures de transports collectifs. C’est la raison pour laquelle les taux de substitution sont bien plus élevés chez les urbains (36 %, contre 28 % en moyenne), et surtout chez les Franciliens (65 %).


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