Point sur les recherches en matière d'innovation-produits Recueil d'articles remis par le CRÉDOC

B. Chardon - M. Desmazeaud - P-H. Duee - N. Esnault - G. Gallo - S. Lahlou - B. Le Jariel - F-G. Le Theule - O. Szylit

Sourcing Crédoc N°Sou1993-808

Résumé

A la demande de la Direction Générale de l’Alimentation du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, nous avons réalisé un rapport sous forme d’un recueil d’articles portant sur l’utilisation actuelle et potentielle des travaux de recherche en sciences humaines, centrés sur le thème de l’innovation dans les entreprises agro-alimentaires.

L’objectif général de ce recueil est de montrer, à partir de cas concrets, comment les chercheurs et les industriels peuvent collaborer sur le thème de l’innovation. Il répond à une préoccupation des pouvoirs publics qui veulent favoriser le transfert technologique des Sciences Humaines vers l'industrie. Cela se fait, pour l’agro-alimentaire, en favorisant ou cofinançant des travaux de recherche communs, par le biais du crédit impôt-recherche, les clubs CRIN ou du programme Aliment 2000-11, et en particulier la commission MIP (Marketing Innovation Produits) dont les objectifs étaient de mettre la recherche en Sciences Humaines au service de l’innovation dans l’industrie alimentaire.

Plutôt qu’un “survey” ou un recueil d’articles académiques sur des thèmes pointus, il s’agit ici de rassembler des “papiers” destinés à montrer, le plus clairement possible et le plus honnêtement possible, à quoi peut servir aujourd’hui la collaboration entre les chercheurs en sciences humaines et la communauté agro-alimentaire.

La plupart des papiers ici rassemblés ont été écrits par des membres du comité scientifique MIP.

Pendant trois ans, de 1990 à 1992, dans le cadre du Programme interministériel Aliment 2000-11, ce comité s’est réuni pour lancer des appels d’offre, sélectionner, orienter et suivre des projets associant chercheurs en sciences de l’homme et de la société (SHS) et professionnels des IA et de la distribution. Les membres du comité, réunis par François-Gilles Le Theule, premier Secrétaire du comité, venaient d’horizons divers : industrie, distribution, enseignement, recherche, administration. Ils ont vécu la difficulté de se constituer un langage commun pour comparer et accorder leurs vues, par nature différentes, et travailler en commun, reproduisant ainsi à l’échelle du comité le cheminement qui se faisait dans les projets eux-mêmes. Ils ont acquis la conviction que la collaboration était non seulement possible, mais même rentable, tant sur le plan intellectuel, que sur le plan financier.

Le comité a financé, en 3 ans, une trentaine de projets : une analyse plus détaillée se trouve dans l’article de Nathalie Esnault, qui fut le second Secrétaire du comité. D'une manière générale, le fonctionnement du comité a consisté, à travers le lancement des appels d’offre, le montage et le suivi des projets, à essayer de créer des réseaux en faisant se connaître et travailler ensemble les chercheurs et les industriels. Car la collaboration recherche-industrie ne se décrète pas, elle se fait à travers la constitution d'une communauté de vues et d’intérêts. C'est en ce sens que le comité a œuvré, en organisant notamment des restitutions publiques des travaux, leur valorisation par la presse professionnelle, et en mettant en place un système de tutorat des projets, dans lesquels un comité d'experts mixte chercheurs-industriels suit et oriente indépendamment chaque recherche, afin de créer des noyaux de collaboration durables qui survivent aux projets.

Les résultats obtenus par le comité ont été jugés suffisamment intéressants pour que soit créé, dans le cadre du programme interministériel Aliment Demain, qui prolonge le programme Aliment 2000, un autre comité ("Consommateur et Marché") qui continue les travaux du comité MIP. Ce comité a lancé son premier appel d'offres cette année.

Plutôt qu’un cours, un historique ou un constat, nous avons choisi de présenter ici un mélange, sorte de kaléidoscope donnant un point de vue de chaque auteur. Nous avons choisi de montrer par l’exemple, car il nous a semblé que le principal obstacle à une collaboration fructueuse entre SHS et IA est la difficulté de communication. C’est le même obstacle qui entrave trop souvent la coopération à l’intérieur de la filière elle-même, comme d’ailleurs entre les différents champs disciplinaires : il est presque aussi difficile de collaborer entre psychologues et sociologues qu’entre fournisseurs et distributeurs. Or, pour collaborer, il faut être capable de comprendre le point de vue de l’autre.

Ainsi, certains fournisseurs seront peut-être surpris de lire un distributeur se déclarer “traumatisé” par la découverte de bien meilleures conditions de vente faites à ses concurrents part l’un de ses fournisseurs. C’est que la négociation et la relation qui lui est liée sont aussi impliquantes pour le distributeur que, par exemple, la mise au point d’un nouveau produit pour le fabricant, pour qui un refus de référencement ou un déréférencement est un “traumatisme” qui dépasse largement la simple déception économique.

De même, on verra que la tâche du législateur, souvent perçue comme inique ou aveugle par ceux que les règlements désavantagent, n’est pas simple ; on comprendra que la différence d’horizon temporel entre chercheurs et industriels, due à des contraintes différentes mais finalement tout aussi sévères, explique une partie des idées reçues des uns et des autres (avec l’imagerie d’Epinal du Savant Cosinus rigide, pinailleur, illisible et loin des réalités, et celle du capitaine d’industrie borné, le nez sur le guidon, et ne s’intéressant qu’au profit).

Ce recueil n’a d’autre prétention que de permettre, par une simple lecture, une petite incursion dans la façon dont les partenaires potentiels de l’innovation voient chacun le monde. Notre espoir est qu’il donne envie aux lecteurs d’aller y voir un peu plus loin.

A qui est destiné ce recueil ?

Aux chercheurs, à qui il doit permettre de mieux comprendre le point de vue des industriels, de connaître leurs sujets de préoccupation, leurs attentes éventuelles vis-à-vis de la recherche en sciences humaines et leur mode de fonctionnement par rapport à celle-ci.

Aux opérateurs industriels, à qui il doit montrer les ressources (insoupçonnées) et les apports possibles de ce type de recherche, pour susciter des voies de recherches nouvelles dans les domaines qui les intéressent.


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