Attitudes par rapport au travail des femmes Recherche critique à partir des questionnaires de l'enquête C.N.A.F. 1971

N. Tabard

Sourcing Crédoc N°Sou1978-2171

Résumé

Ce travail est une contribution à l'analyse de questionnaires d'opinion d'un point; de vue méthodologique sous un double aspect : recherche d’expressions fiables et tentative d'interprétation des contradictions et non- réponses.

On utilise l'analyse des correspondances multiples pour construire une variable et non pour décrire et repérer les lignes de force d'un large corpus de données comme c'est le plus souvent le cas; on vise à transformer en une variable mesurable êtes questions d'opinion, non seulement pour en faciliter le traitement, mais pour extraire d'une information assez fragile une part systématique : les questions analysées ont toutes trait au travail des femmes; il s'agit d'opposer partisans et adversaires sur une échelle.

Les questions pouvant interférer avec d'autres thèmes : mariage, fécondité, éducation... sont exclues de l’analyse.

Il n ’est pas surprenant que les premiers facteurs obtenus automatiquement épuisent rapidement un ensemble aussi homogène de données. Le premier axe d’inertie exprime les plus larges antagonismes sur le travail des femmes; il constitue la variable cherchée, résumé mesurable d’un vaste corpus qualitatif.

Les réponses extrêmes, sur cet axe, sont des refus ou des négations fortes : les attitudes les plus favorables au travail féminin expriment surtout une hostilité à l’image traditionnelle des rôles féminins. A l’inverse, les oppositions radicales ne s 'expriment pas par une adhésion à ces modèles mais par une hostilité au travail.

Les attitudes négatives radicales sont les moins nombreuses; le refus qu’elles expriment peut s'interpréter comme un refus de la façon d'aborder le problème du travail des femmes. La forme majoritaire des oppositions exprimées sur le premier axe est constituée d’attitudes modérées et, dans ce cas, l'opposition au travail des femmes augmente lorsqu'on descend dans l’échelle sociale. Mais les attitudes extrêmes ne se localisent pas aux extrémités de l'échelle sociale, du moins pour ce qui est des partisanes radicales. Celles-ci n'appartiennent pas à la classe aisée : elles travaillent à temps plein, même avec des enfants en bas âge, sont souvent d'origine modeste avec des métiers un peu plus rémunérateurs que ceux des autres femmes de la même classe, des postes de responsabilité et quelquefois des activités syndicales. Les adversaires sont celles qui ont les conditions de vie les plus pénibles : femmes de manœuvres, beaucoup d'enfants à charge. Elles sont moins nombreuses à travailler et lorsqu'elles travaillent, ont un salaire faible ...

Mise à part cette construction, les résultats de ce traitement statistique sont inattendus : ils conduisent à une expression des phénomènes d’acquiescement et d’opposition systématiques non perçus au moment de l'interview. On observe une forme triangulaire dont les pôles sont : la modération, le "oui" et le "non" systématiques. La modération émane des catégories plutôt aisées, des femmes ayant cessé de travailler; l 'acquiescement se situe dans des catégories assez pauvres, chez les mères de famille nombreuse, mais surtout, il est beaucoup plus fréquent dans les catégories plus dépendantes de l'institution des prestations familiales (celles ayant eu des contacts avec les travailleurs sociaux, par exemple). Quant aux "non", ils sont plus difficiles à localiser de façon précise : femmes jeunes, actives, plutôt ouvrières ou employées, adhérant (elles ou plus souvent leur mari) à un syndicat; ils traduisent un désaccord non seulement avec les questions posées sur le travail féminin mais (vu leur corrélation avec les non-réponses sur d’autres thèmes) avec l ’ensemble des questionnaires.


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