Revue consommation / Influence des facteurs socio-économiques sur l'hospitalisation

A. Mizrahi - A. Mizrahi

Sourcing Crédoc N°Sou1977-3218

Résumé

Les recherches effectuées sur la consommation médicale de ville ont montré que les inégalités qui subsistent selon les milieux économiques ou sociaux sont moins graves lorsqu’on s’intéresse au niveau global des soins, que lorsqu’on analyse la structure même de la consommation. On a ainsi pu opposer une médecine de ville bien diffusée et accessible à presque toute la population, centrée autour des soins de généralistes aux soins plus techniques et spécialisés, atteignant en priorité les couches les plus favorisées. Ces travaux n’avaient pu être faits jusque-là qu’en ce qui concerne les soins aux malades ambulatoires ou soignés à leur domicile et excluaient donc les soins aux malades hospitalisés.

En ce qui concerne ces derniers, deux problèmes se posent :

— peut-on retrouver à l’intérieur même des soins hospitaliers, une opposition entre les hospitalisations des groupes favorisés et celles des groupes défavorisés ?

- l’hospitalisation (considérée globalement) varie-t-elle dans le même sens que les soins médicaux de ville, ou en sens contraire ? Autrement dit, leur est-elle complémentaire ou substitutive ? Aggrave-t-elle ou atténue-t-elle les inégalités observées en médecine « de ville » ?

Pour répondre à ces questions, on disposait des données de l’enquête sur les consommations médicales, effectuée en 1970 par l’I.N.S.E.E. et le C.R.E.D.O.C., auprès de 7 392 ménages, soit 23 196 personnes, représentatifs de l’ensemble de la population.

L’enquête porte sur les consommations de services et de biens médicaux, ainsi que sur les motifs médicaux et les facteurs économiques et sociaux susceptibles d’agir sur ces consommations et permet donc d’estimer pour chaque enquêté sa consommation en matière d’hospitalisation, aussi bien que l’ensemble de ses consommations médicales : en ce qui concerne les hospitalisations proprement dites, on pourrait schématiquement décrire celles des groupes défavorisés comme des séjours longs se déroulant en majorité dans les hôpitaux généraux publics alors que pour les groupes les plus favorisés les séjours sont brefs et ont, d’une manière préférentielle, lieu en clinique privée. Ainsi, par exemple, pour les personnes ayant les revenus les plus bas, la durée moyenne d’une hospitalisation est de 24 jours et 37 % seulement de ces séjours ont lieu en clinique privée ; par contre, pour les personnes ayant les revenus les plus élevés, la durée moyenne d’une hospitalisation n’est que de 13 jours, et 61 % d’entre elles ont lieu en clinique privée. De plus, à l’intérieur même de chacun des deux secteurs public et privé, la durée de séjour est toujours inférieure pour les groupes favorisés. Cette opposition entre les hospitalisations des groupes défavorisés et celles des groupes favorisés s’accompagne d’une importante décroissance du volume global d’hospitalisation mesurée en termes de dépenses ou de nombre de jours passés en établissement hospitalier lorsque les conditions de vie s'améliorent; autrement dit, l’allongement des durées de séjours, compensant en partie des insuffisances sociales, substitue des soins hospitaliers aux soins ambulatoires et à domicile, atténuant ainsi très nettement les différences observées en médecine de ville.

L’étude simultanée de l’influence de deux caractères économiques ou sociaux confirme et amplifie, à une exception près, les résultats observés dans le cas d’un seul caractère : il semble qu’un effet cumulatif entraîne une accélération de l’accroissement des durées de séjours pour les personnes doublement défavorisées.

Il semble qu’un caractère A ait un effet plus important pour les groupes défavorisés selon un (autre) caractère B, et que, par contre, les groupes favorisés selon B soient moins sensibles aux variations de A.

La seule exception concerne la taille du ménage, variable pour laquelle les résultats semblent contradictoires et ambigus, tout au moins en termes de fréquentation, où tout se passe comme si l’accroissement de la taille du ménage aggravait les conditions de vie des plus défavorisés et améliorait celles des plus favorisés.

Après avoir présenté rapidement dans une première partie l’information disponible, ainsi que les variables utilisées, on étudie dans une deuxième partie la consommation en valeur et en quantité (taux de fréquentation, nombre de jours d’hospitalisation par personne et par an) selon différentes variables économiques ou sociales; selon ces mêmes variables, on mesure en valeur la consommation médicale totale (médecine de ville et soins hospitaliers) et la part prise par l’hospitalisation; on analyse enfin les secteurs d’hospitalisation (public ou privé) vers lesquels se dirigent les malades hospitalisés. Dans une troisième partie, enfin, sont présentés les résultats obtenus en croisant deux à deux les caractères socio-économiques.


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