Développement social des quartiers : les sites concernés et leurs caractéristiques socio-économiques par rapport aux autres communes françaises ou aux autres quartiers de Île-de-France

N. Tabard - I. Aldeghi - F. Château - T. Lambert

Collection des rapports N°R44

Résumé

Le dispositif de développement social des quartiers renouvelle la politique d'amélioration des quartiers les plus pauvres des villes instaurées à la fin des années cinquante. Il marque la volonté de décloisonnement des interventions urbaines et la recherche de dispositifs globaux d'intervention. L'aggravation du chômage, l'accroissement des inégalités spatiales entre quartiers aisés et zones défavorisées, la décomposition progressive du tissu social dans de nombreux quartiers ont conduit à un changement de perspective. La politique des "cas sociaux", comme cumuls de handicaps individuels a fait place à une large prise de conscience de la pauvreté comme un fait social. La lutte contre la pauvreté prend des dimensions nouvelles d'actions pour l'emploi, l'insertion professionnelle et sociale, 1 'éducation, 1 'intégration des familles dans la ville. Le bâti n'est plus le seul point de mire des politiques des quartiers, s'y ajoute une politique d'action sur l'emploi et la formation, sur l'environnement : équipements culturels, sportifs ou de loisirs, artisanat et commerces, financement de stages, actions pour le développement culturel.

Quantifier l'inégalité sociale des communes ou des quartiers

Le programme de notre équipe de recherche consiste à étudier la structure économique de l'espace et faire apparaître de façon quantifiée la diversité et les inégalités entre quartiers et communes, leur contenu, les acteurs principaux.

Ce programme part de l'hypothèse que la position des individus dans le système productif détermine leur position dans l'espace et c'est en fonction de ces systèmes de contraintes que se forment les pratiques économiques, que se génère la reproduction sociale. A l'oeuvre dans ce processus principalement : la gestion spatiale de la main d'œuvre et les stratégies de localisation des établissements, de polarisation spatiale des qualifications d’une part, la localisation du logement (formes et statut), les mécanismes d'attribution et les filières qu'ils créent d'autre part.

Cette priorité à l'économique s'avère féconde dans la mesure où les types de communes ou de quartiers ainsi construits diffèrent quant à toutes les composantes des conditions de vie ; migrations alternantes, niveau d'équipement des ménages, confort et type de logement, structures familiales— Et surtout, dans la mesure où s'avère très discriminant un des critères de dynamique inégalitaire de l'espace : la croissance ou le déclin démographique (tendance naturelle ou par migration).

Un outil opératoire pour les politiques de développement social des quartiers

Ainsi ce programme permet-il d'aborder ici le problème du développement social des quartiers, non pas comme le produit d'une sommation de caractères individuels : chômage, pauvreté..., mais le résultat de processus structurels aboutissant à une organisation économique de tout l'espace. Les îlots sensibles ou les communes relevant d'une opération DSQ peuvent ensuite être repérés dans une organisation ; ils appartiennent à des "types" de quartiers ou de communes spécifiques dans les typologies.

Caricaturant à peine, on peut transposer des individus aux communes ou aux quartiers les inégalités de richesse, reconnaître des différences de "statut socio-économique" aux lieux. Hais ce faisant, on se donne les moyens d'aborder de façon plus pertinente les processus à l'origine des inégalités individuelles. Lorsque certains phénomènes connus au niveau des ménages se reproduisent au niveau des communes, on peut admettre leur caractère structurel.

Repérer au niveau territorial les ensembles de handicap permet de localiser les situations et rendre plus efficaces les politiques menées au niveau local.

Structurer, tenter de reproduire 1'organisation économique de l'espace c'est enfin reconnaître chaque situation locale dans sa dépendance au système d'ensemble : opposer le déclin de certaines catégories de communes à la croissance, le vieillissement aux migrations des jeunes actifs, l'activité des femmes à l'inactivité qui s'avère en partie du chômage déguisé. C'est reconnaître que les oppositions classiques riches- pauvres, jeunes-vieux, exécution-direction, activité productive-secteur tertiaire... sont inscrites sur le territoire et œuvrer ainsi pour l'élaboration de politiques diversifiées où puissent intervenir les institutions et le département ministériels aptes à agir sur tous les mécanismes de cet enracinement.

Ce rapport sélectionne les caractéristiques des communes françaises ou des quartiers de 1 'Ile-de-France qui différencient significativement les zones défavorisées. Mais on verra que cette différenciation demeure même lorsqu'on compare les communes à DSQ (ou les ilots sensibles) avec celles appartenant au même type "socioprofessionnel", par exemple, lorsqu'on compare les communes à DSQ appartenant à des types "ouvriers" aux autres communes non DSQ de ce même type.

On verra en outre que beaucoup de communes qui ne relèvent pas des opérations DSQ ont les mêmes caractéristiques que ces dernières.


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