Dynamique des modes de consommation : Conséquences et limites de l'hypothèse de substitution intemporelle

L. Lévy-Garboua

Collection des rapports N°R36

Résumé

On se propose d'étudier les propriétés dynamiques de la consommation d'un ménage représentatif qui résultent de sa capacité à anticiper les variations de son revenu disponible et des prix relatifs. On suppose simplement qu'un marché financier autorise l'avance et le report des consommation par transfert de revenu d'une période à l'autre. De tels arbitrages intertemporels permettent au ménage de tirer le meilleur parti de ses possibilités de consommation dans son horizon de planification.

Quelles sont les conséquences théoriques de cette hypothèse de substitution intertemporelle ? Jusqu'où peut-on aller avec elle pour expliquer la dynamique des modes de consommation ?

Lorsqu'on peut faire l'hypothèse de séparabilité intertemporelle des préférences, la dynamique se concentre entièrement dans la consommation totale, qui se trouve être alors une fonction complexe de toutes les prévisions de la richesse et des prix sur l'horizon de planification. Les consommations suivent en revanche une loi très simple, puisqu'elles sont uniquement conditionnées par la dépense totale et par les prix de la période en question. Enfin, les conditions d'additivité, d'homogénéité, de symétrie et de négativité que la rationalité des choix impose aux fonctions de demande "statiques" individuelles sont validées.

Cependant, l'hypothèse de faible séparabilité intertemporelle des préférences est inapte à décrire convenablement la consommation d'un ménage représentatif quand la structure démographique, les préférences et les produits mis en vente changent en permanence. On va donc relâcher cette hypothèse, qui a été développée dans un rapport antérieur, (Gardes, Lévy-Garboua et Robin, 1986).

Le prix de cette généralisation nécessaire est malheureusement élevé pour deux raisons :

- les anticipations de revenus et de prix doivent maintenant recevoir une formulation explicite, bien qu'il n'y ait pas à cet égard de théorie communément admise ;

- les conditions néo-classiques usuelles ne sont plus respectées en général, même au niveau individuel (Polemarchakis, 1983), à l'exception des contraintes d'agrégation (additivité) d'Engel et Cournot (cf. l'annexe). Allard, Bronsard et Richelle (1987) ont montré néanmoins que quelques hypothèses plausibles sur les anticipations, définissant ce qu'ils appellent des "anticipations Roy- compatibles", suffisent à restaurer la propriété de symétrie au niveau individuel, et que des hypothèses un peu plus fortes (par exemple, des anticipations rationnelles ou statiques) permettent d'établir la propriété de négativité, du moins au niveau agrégé. Mais les développements reportés en annexe montrent que, mime avec des anticipations de prix homothétiques, la condition d'homogénéité est plus difficile à sauvegarder au niveau individuel.


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