Dépendance perçue, dépendance mesurée: deux approches de la même réalité

C. Olm - M.-O. Simon

Cahier de recherche N°C110

Résumé

En 1991, la commission " Dépendance des personnes âgées ", présidée par Pierre Schopflin, suggère qu'une nouvelle prestation soit créée pour compléter la prise en charge de la dépendance et qu'elle se substitue, pour les personnes âgées, à l'allocation compensatrice pour tierce personne. Des expérimentations de cette prestation ont débuté en janvier 1995 dans douze départements et se sont prolongées sur deux ans. Le CRÉDOC a été retenu par la CNAV pour réaliser un travail d'évaluation de ces expérimentations. Un des objectifs était de valider la grille utilisée pour évaluer la dépendance. La grille AGGIR (Autonomie, Gérontologie, Groupes Iso-Ressources) est remplie par l'équipe médico-sociale qui rend visite à la personne âgée afin d'évaluer son niveau de dépendance. Dans ce cadre, nous avons comparé l'évaluation réalisée par la grille AGGIR, avec celle déterminée par la personne concernée, ou par son entourage. La perception que la personne âgée a de sa dépendance avait été recueillie auprès de 750 personnes au cours d'un entretien en face à face avec un enquêteur du CRÉDOC, dans le cadre de l'évaluation de la prestation dépendance. Pour plus de 500 personnes, il a été possible de rapprocher, avec l'accord de la CNIL, les données recueillies par le CRÉDOC avec celle issue de la grille AGGIR.

Après une rapide revue comparative des instruments utilisés dans la mesure de la dépendance, on analyse les différences observées entre la dépendance perçue par la personne âgée et celle mesurée par l'équipe médico-sociale grâce à la grille AGGIR. Cette analyse permet d'identifier certains des processus de construction des perceptions et des caractéristiques socio-démographiques agissant sur ces perceptions. Ainsi, les personnes interrogées construisent leur perception selon une norme, qui correspond à la définition qu'elles retiennent de leur degré de dépendance. Face à cette norme, deux attitudes émergent : la première est de confronter son propre état à la norme, la seconde d'intégrer la norme comme étant son propre état. La norme elle-même dépend de l'âge et du passé de la personne interrogée. Elle sera ainsi d'autant plus sélective que la personne interrogée est jeune, ou qu'il s'agisse d'actes qu'elle a effectués toute sa vie. Enfin, ce sont les personnes les plus jeunes qui, le plus souvent, refuseront leur dépendance croissante et, en cela, intégreront la norme. Les hommes, mais aussi les personnes qui ne vivent pas seules, sous-estiment une dépendance qu'ils ne perçoivent pas nécessairement.


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